Je suis une feuille
Aurais-je imaginé que je trouverai là
Une mine de stylo plantée sur ma peau
Les yeux de mon bourreau qui ne me quittent pas
Ma blancheur lui fais peur je sais qu'il cherche ses mots
Je suis une feuille blanche je ne demandais rien
Qu'à rester sur mon arbre et attendre la fin
Moi j'aimais le vent se perdant dans les feuilles
Et le murmure de la sève qui lui donnait la vie
Moi j'aimais la hauteur que j'avais sur les choses
Je n'ai pas vu venir la lame qui m'a trahis
Si au moins je servais de papiers officiels
Pour signer des traités et protéger les faibles
Ou être dans les mains d'un poète oublié
Qui me jetterai des vers comme on cherche un ami
J'aurais pu être pressée sur le coeur d'une enfant
Ecoutant dans mes lignes la voix de son amant
Ou être le pliage d'un gamin de huit ans
Et voler dans les airs sous les rires des enfants
Ou être dans les pages d'un livre d'histoire
Qui dit que le chemin est encore tellement long
Mais voila que je sens que la plume me frôle
Et les lettres se forment comme l'encre tourbillonne
Je n'ai jamais vu plus lourd que le poids de ces mots
C'est la misère d'un homme que je sens sur mon dos
Il dit je veux finir d'avec ma vie
Pardonne moi mon amour mais je m'arrête ici
Ce n'est pas de ta faute si je baisse les bras
Mais j'ai perdu ma chance de gagner ici bas
Et moi c'était mon rôle de porter tous ces mots
Et les larmes d'une femme tomberons sur moi bientôt
J'aurais pu être pressée sur le coeur d'une enfant
Ecoutant dans mes lignes la voix de son amant
Ou être le pliage d'un gamin de huit ans
Et voler dans les airs sous les rires des enfants
Mais je tourne la page d'une triste histoire
Qui dit que le chemin n'était pas tellement long
Pas tellement long...
Renan Luce.
Culpabilité
Absence de présence à cause de personnes en manque de délicatesse.
De leur faute, absence de repères et de confiance pour ma part.
De leur faute, incompréhension d'autrui et larmes pour ma part.
Toujours de leur faute, présence d'un système psychologique
d'oppression,
de panique
et enfin de culpabilité.
Le détail
Ce que je retiens en ce moment, c'est le détail.
J'aimerais que lorsque qu'ils m'appelle pour aller à table, mes parents changent de refrain, mais aussi d'intonation.
J'aimerais bien que lorsque j'ai faim, ma mère arrête à un moment donné de remuer la salade pour mélanger la sauce... Que je puisse manger.
J'aimerais aussi que lorsque que j'ai l'occasion de faire une grâce mat', ne plus être réveillée par soit: la douche du matin qui est collée au mur de ma chambre; soit: que le mec qui a décidé de débroussailler l'herbe à 2 mètres de ma baraque devienne soudainement feignant.
J'aimerais pas mal que quand le matin je m'assois par terre devant le grand miroir pour me maquiller, mon cul arrête d'être trempé parce que le tapis était trop humide.
J'aimerais beaucoup ne plus faire tomber le portable de ma poche quand je me relève des toilettes, après avoir pissé un coup.
Je banderais vraiment de ne plus me cogner régulièrement les doigts de pied contre le lit, le pied de table ou le radiateur.
J'suis une gamine
Je chiale tout le temps. J'suis une gamine.
Je rêve ce qui est autre que le déjà vu, je rêve l'insensé et le délire.
Je rêve aussi l'état physique autre que la normale de tout citoyen. Tourner et s'arrêter seulement lorsque la force ne nous permet plus rien.
Se sentir ailleurs et ne plus sentir le réel.
Je souhaite le nouveau, le changement, le bruit et l'action.
Je rêve la paix, le plaisir en continu.
Aujourd'hui, j'envie plus que la folie.
Sombre
Avec eux
On s'est connus à lécole, en colonie ou au sport. On s'est jaugés, on s'est parlé, ces petits débuts qui valent de l'or. La vie a fait qu'on s'est revu, l'envie a fait qu'on est resté ensemble autant qu'on a pu, sentant que sa allait nous booster. On a su dès nos débuts qu'il y avait quelque chose de spécial. Mes lascars m'ont convaincu que leur présence m'était cruciale. Alors on se souffle dans l'dos pour se porter les uns les autres. On s'est compris sans même s'entendre chaque fois qu'on a commis des fautes et puis c'est en équipe qu'on a traversé les hivers. Et les étés ensoleillés, les barres de rire et les galères. Ils m'sont devenus indispensables, comme chaque histoire à ses héros. Ils sont devenus mes frangins, mes copains, mes fréros. On forme un bloc où l'intégrité s'pratique pas à moitié. Et je reste entier aussi parce qu'ils m'ont jamais diminué [ça par contre ce n'est pas vrai]. Au coeur de cette cité, ils m'ont bien ouvert les yeux, pour éviter les pièges à loup des jaloux envieux d'not'jeu. J'aurais jamais assez de salive pour raconter tous nos souvenirs. Ils ont squatté dans mon passé et seront acteur de mon avenir. On a tellement d'histoires ensembles que j'ai l'impression d'avoir 100 ans. Nous on s'kiffe et ça s'entend, on fait du bruit et pour longtemps. On s'dépense beaucoup même avec wallou dans les poches. L'adversité on la connaît on en a fait un parent proche. J'ai tellement scatté leurs caisses qu'on croyait qu'j'y habitais. C'était notre coffre fort où toutes nos idées s'abritaient. Avec eux j'ai moins de faille, avec eux je me sens de taille. Avec eux rien que ça taille, ça tient chaud quand il caille. Avec eux j'ai moins de faille, avec eux je me sens de taille. Biens posés sur les rails, on a la dalle et on graille.
Avec eux, on a écrit quelques belles pages de notre histoire. Et je vous assure que ce n'est pas fini, suffit de nous voir pour le croire. A vouloir faire des trucs ensemble, en fait ce qu'on a le mieu réussi, c'est de fabriquer une amitié, potes à perpèt' et sans sursis. Avec eux on cherche tout le temps, on est toujours aux 400 coups. Mais les meilleurs moments c'est quand même quand on fait rien du tout. Capables de rester 4 jours à la terrasse d'un café. on s'nourrit de ces instants parfaits, pour nous glander c'est taffer. Je crois que c'est avec eux que j'ai passé le pus de soirées. Certaines bien réussies mais la plupart un peu foirées. Pas la bonne tête, pas les bonnes sapes ou pas assez accompagnés. Mais rentrer en boîte, pour nous c'est clair que ce n'était jamais gagné. Entassés dans une voiture avec la musique qui sort des fenêtres. A la recherche dans tout Paris d'un pauvre endroit qui nous accepte. Ca finissait à 3 heures à Montmartre avec des crêpes à emporter. les doigts congelés et l'huile qui goutte sur nos vieux jeans tout salopés. Faut que je leur précise un petit truc, Grand corps avant qu'on enquille, bien avant qu'on se mette en tête de foutre au monde une grosse béquille, on avait un drôle d'humour lourd qui faisait détaler les filles. On était des boules de bowling perdu sur des pistes sans quille. Rétrospectivement, j'nous revois sapés comme des charclos, à essayer de négocier alors que le débat était clos. Leur présence m'est essentielle, elle aide à se tenir debout. Nos rêves se conjuguent au pluriel, quand je parle de moi, moi je dis nous. Avec eux j'ai moins de faille, avec eux je me sens de taille. Avec eux rien que ça taille, ça tient chaud quand il caille. Avec eux j'ai moins de faille, avec eux je me sens de taille. Bien posés sur des rails, on a la dalle et on graille.
L'amitié c'est un autoroute avec de belles destinations. Elles sont toutes bien indiquées et ça devient une addiction. Ca ressemble un peu à l'amour mais en moins dur, je vais m'expliquer. C'est plus serein, moins pulsionnel donc forcément moins compliqué. Paraît que l'entourage ça change vachement quand t'as la cote. C'est pour ça que c'est rassurant d'évoluer avec ses potes. Notre dur labeur paye, on voit les portes qui s'entrouvrent. Dorénavant, les phases, on les cherche plus on les trouve.
Grand Corps Malade.
Photo ci-dessus : dédicace de Grand Corps à Lille [grâce à Lili].
Remplacement
J'aimerais être à la place d'une mamie.
D'un jeune homme barbu.
D'une chaussure à talon aiguille.
D'une chose belle.